Le bras de fer
entre Constant Mutamba et le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) prend
une tournure explosive. Accusé de s’opposer frontalement à l'influent Ministre
d’État, le CSM se retrouve sous le feu des projecteurs, accusé de conspirer
contre un homme déterminé à changer les règles du jeu. Les partisans de Mutamba
mettent en garde : « Vous risquez de fuir ce pays si vous continuez à combattre
Constant Mutamba ! » Un avertissement qui sonne comme une menace voilée, mais
aussi comme un reflet du climat tendu qui règne actuellement dans les hautes
sphères du pouvoir congolais.
Pour ceux qui
suivent de près les affaires politiques en RDC, il est difficile d’ignorer les
attaques répétées contre Mutamba, présenté par ses supporters comme le champion
de la lutte contre la corruption et l'injustice. « Pourquoi s’acharner sur
Constant Mutamba ? » s’interroge Irène Mbayo, une analyste politique proche des
cercles du pouvoir. Elle souligne que Mutamba incarne un renouveau nécessaire
dans un système gangrené par des pratiques opaques et l’impunité. Pour Mbayo,
ce combat contre Mutamba est en réalité une résistance face aux changements
profonds qu’il propose, un sursaut désespéré d’une magistrature qui refuse de
s’adapter aux nouvelles exigences de transparence et de redevabilité.
Toutefois, cette
vision n’est pas partagée par tous. Pour Albert Ngandu, un juriste et expert en
droit constitutionnel, la situation est plus nuancée. « On ne peut pas réduire
ce conflit à une simple lutte de pouvoir. Mutamba est certes un acteur
incontournable, mais son approche souvent conflictuelle et son mépris affiché
pour les procédures établies mettent en péril l’indépendance même de la
magistrature », argue Ngandu. Il souligne que le CSM, malgré ses défauts, reste
un organe crucial pour la stabilité juridique du pays. « C’est une question
d’équilibre des pouvoirs. Le CSM doit rester vigilant pour ne pas se faire
écraser par l’influence politique », ajoute-t-il, mettant en avant les dangers
d’une politisation excessive de la justice.
Entre ces deux
visions contradictoires, une réalité s'impose : la justice congolaise est à un
tournant historique. Le CSM, au cœur des critiques, est accusé d’être une
forteresse de résistances archaïques, freinant tout élan de réforme. Les
avertissements lancés par les alliés de Mutamba sont lourds de sens, évoquant
une fuite possible de certains magistrats face à un futur incertain. Mais
est-ce là une simple exagération politique, ou le signe d’un effondrement
imminent des structures judiciaires du pays ?
Il est
indéniable que le CSM doit se réformer pour regagner la confiance du peuple.
Mais dans ce tumulte, la question demeure : doit-il plier face à la pression ou
défendre bec et ongles son indépendance contre un ministre perçu à la fois
comme un réformateur audacieux et un personnage controversé ?
Pour ceux qui
observent, la réponse ne se trouve pas dans des slogans ni dans des menaces.
Elle réside dans la capacité de la RDC à bâtir un système où justice et
politique peuvent coexister sans s’entredéchirer. Constant Mutamba est
peut-être le symbole d’un espoir pour certains, mais la vraie victoire viendra
lorsque le pays parviendra à équilibrer ses institutions pour le bien de tous.
Par
Masumbuko Diazolana Juvénal