Dans
un monde où les promesses politiques ressemblent souvent à des mirages,
l’engagement de Yoweri Museveni, président de l’Ouganda, à construire les
routes Kasindi-Beni-Butembo et potentiellement Bunagana-Rutshuru-Goma, pourrait
bien être une autre carte postale de belles intentions. Lors de sa rencontre
avec Félix Tshisekedi ce 30 octobre à Entebbe, le Chef de l’État ougandais a
renouvelé cette promesse avec un enthousiasme débordant. Mais derrière cet
énième engagement, certains observateurs se demandent si cette route verra
réellement le jour ou si elle finira comme les nombreux autres projets
d’infrastructure annoncés puis négligés dans la région.
D’un
côté, l’analyste en géopolitique de l’Afrique centrale, Dr. Olivier Mukena, y
voit une stratégie de façade. « Les promesses de Museveni sont une ruse
politique, une façon de maintenir une emprise subtile sur les territoires
orientaux de la RDC sous couvert de développement », martèle Mukena. Selon lui,
les routes reliant l’Ouganda à l’est de la RDC servent surtout les intérêts
économiques de Kampala, qui gagnerait en accès facile aux ressources minières
et agricoles de la région. « La RDC joue la marionnette, tandis que Museveni
tire les ficelles. Quand la poussière retombera, il sera peut-être trop tard
pour voir que l’Ouganda n’a fait que renforcer son influence sous couvert de
coopération », ajoute-t-il avec un brin de cynisme.
De
l’autre côté, l’économiste Marie Ntumba croit fermement en la portée positive
de ce projet d’infrastructure. « Les routes promettent de désenclaver cette
région déchirée par les conflits, de booster l’économie et d’attirer les
investissements. Ce partenariat, bien qu’ambitieux, est un pont vers une
meilleure coopération régionale », déclare-t-elle. Elle pointe que
l’initiative, si elle est concrétisée, offrirait des solutions durables pour
lutter contre le chômage et la pauvreté, améliorant la vie des habitants de
l’Est de la RDC. « Je comprends le scepticisme ambiant, mais se priver de cette
opportunité serait une erreur stratégique. Il faut voir grand pour espérer grand
», conclut-elle avec une note d’optimisme que certains qualifieraient
d’irréaliste.
Alors,
entre la crainte d'une influence étrangère cachée et l'espoir d'un
développement régional sincère, où se situe réellement la vérité? L’attente
d’un développement régional sous forme de routes modernes reste un rêve pour
beaucoup, mais il serait temps de se demander si ce rêve n’est pas une énième
tentative de pacifier les populations locales avec des promesses de goudron qui
ne sortiront jamais du sol. Félix Tshisekedi, pour sa part, semble résolu à
croire en la bonne foi de son homologue. « Je repars avec l’espoir que tout ce
que nous nous sommes dit va se concrétiser », a-t-il affirmé avec l’optimisme
d’un homme qui veut voir son pays avancer. Mais qui pourrait lui reprocher cet
espoir? Quand on n’a plus que ça, chaque promesse semble un peu plus belle.
Par
Bendele Limbondo Doukoure