.
Ce
mardi 29 octobre, Freddy Kita, président du Mouvement du Peuple pour le Progrès
Social (MPPS), est apparu devant la presse avec une conviction flamboyante : il
est possible de réviser la Constitution du pays… tout en respectant, bien sûr,
ses « principes sacro-saints ». Une déclaration habile qui jongle entre réforme
et sacralité, transformant ainsi un document fondamental en un artefact presque
mystique, que l’on pourrait retoucher tout en gardant sa nature inviolable.
Mais dans un pays où les « principes sacrés » ont souvent des frontières
floues, qui reste vraiment dupe ?
Deux
experts ont accepté de partager leurs visions. L’un, juriste constitutionnel,
s’offusque presque : « Respecter les principes sacro-saints, vous dites ? Qui
va vraiment croire à cette farce ? L’article 220, ce fameux rempart contre les
ambitions éternelles, est censé être intouchable. Pourtant, à chaque mandat qui
s’achève, des voix s’élèvent pour dire que "les temps changent". Eh
bien, si chaque modification est une exception, les exceptions deviennent-elles
la règle ? » Sous ce cynisme feutré se cache une colère palpable. Pour cet
expert, la Constitution est déjà sur le point de sombrer dans un océan de
révisions.
Un
autre point de vue, moins alarmiste, voit cette révision sous un angle
différent. Selon un politologue, adapter la Constitution « aux réalités du
moment » est plus que nécessaire. « Ce document, aussi noble soit-il, doit
évoluer avec son temps, » affirme-t-il. Pour lui, il s’agit de faire preuve de
flexibilité : « Nous ne pouvons pas rester enchaînés à un texte dépassé. Si des
ajustements peuvent renforcer la stabilité politique et l’unité nationale,
pourquoi s’y opposer ? »
Écoutant
ces discours croisés, Freddy Kita appelle au « consensus », ce mot miracle qui
se résume souvent à dire : "mettons-nous d'accord pour ne pas être
d'accord". Mais l'optimisme de Kita paraît singulièrement naïf dans une
nation où chaque modification de la loi fondamentale devient un champ de
bataille. De quel consensus parle-t-il ? Celui qui permettrait de modifier tout
ce qui dérange, jusqu'à ce que la Constitution devienne aussi malléable que de
la pâte à modeler politique ?
Kita
conclut en ajoutant que la Constitution « n’est pas la Bible ». Non, elle ne
l’est pas, mais dans un pays où la foi politique est régulièrement soumise à
l’épreuve des ambitions personnelles, elle mérite au moins un semblant de
respect. On voit bien le risque : aujourd’hui, on retouche les articles ;
demain, on pourrait bien les effacer sous prétexte de modernité.
Par
Molongi Nzoto Libumutulu