Révision de la Constitution Congolaise La Danse des Principes Sacro-Saints

Date: 2024-10-30
news-banner
Le président du regroupement politique Mouvement du peuple pour le progrès social (MPPS), Freddy Kita, mardi 29 octobre 2024, lors du point de presse, à Kinshasa.
 

Ce mardi 29 octobre, Freddy Kita, président du Mouvement du Peuple pour le Progrès Social (MPPS), est apparu devant la presse avec une conviction flamboyante : il est possible de réviser la Constitution du pays… tout en respectant, bien sûr, ses « principes sacro-saints ». Une déclaration habile qui jongle entre réforme et sacralité, transformant ainsi un document fondamental en un artefact presque mystique, que l’on pourrait retoucher tout en gardant sa nature inviolable. Mais dans un pays où les « principes sacrés » ont souvent des frontières floues, qui reste vraiment dupe ?

 

Deux experts ont accepté de partager leurs visions. L’un, juriste constitutionnel, s’offusque presque : « Respecter les principes sacro-saints, vous dites ? Qui va vraiment croire à cette farce ? L’article 220, ce fameux rempart contre les ambitions éternelles, est censé être intouchable. Pourtant, à chaque mandat qui s’achève, des voix s’élèvent pour dire que "les temps changent". Eh bien, si chaque modification est une exception, les exceptions deviennent-elles la règle ? » Sous ce cynisme feutré se cache une colère palpable. Pour cet expert, la Constitution est déjà sur le point de sombrer dans un océan de révisions.

 

Un autre point de vue, moins alarmiste, voit cette révision sous un angle différent. Selon un politologue, adapter la Constitution « aux réalités du moment » est plus que nécessaire. « Ce document, aussi noble soit-il, doit évoluer avec son temps, » affirme-t-il. Pour lui, il s’agit de faire preuve de flexibilité : « Nous ne pouvons pas rester enchaînés à un texte dépassé. Si des ajustements peuvent renforcer la stabilité politique et l’unité nationale, pourquoi s’y opposer ? »

 

Écoutant ces discours croisés, Freddy Kita appelle au « consensus », ce mot miracle qui se résume souvent à dire : "mettons-nous d'accord pour ne pas être d'accord". Mais l'optimisme de Kita paraît singulièrement naïf dans une nation où chaque modification de la loi fondamentale devient un champ de bataille. De quel consensus parle-t-il ? Celui qui permettrait de modifier tout ce qui dérange, jusqu'à ce que la Constitution devienne aussi malléable que de la pâte à modeler politique ?

 

Kita conclut en ajoutant que la Constitution « n’est pas la Bible ». Non, elle ne l’est pas, mais dans un pays où la foi politique est régulièrement soumise à l’épreuve des ambitions personnelles, elle mérite au moins un semblant de respect. On voit bien le risque : aujourd’hui, on retouche les articles ; demain, on pourrait bien les effacer sous prétexte de modernité.

 

Par Molongi Nzoto Libumutulu

image

Leave Your Comments