Mahamat Idriss Deby au front pour "traquer les éléments de Boko Haram"
Mahamat
Idriss Deby Itno, flanqué de sa tenue militaire et d’une détermination virile,
lance l’Opération Haskanite depuis les rives du lac Tchad. Objectif affiché : traquer
et anéantir le groupe terroriste Boko Haram, ennemi insaisissable depuis des
décennies. Depuis le front, le jeune président tchadien fait résonner ses
intentions avec une solennité presque cinématographique, promettant de
neutraliser les “illuminés” qui viennent de décimer une quarantaine de ses
soldats. Mais cette promesse résonne-t-elle avec l'efficacité d'une action
militaire ou n’est-elle qu’un écran de fumée supplémentaire?
Certains
observateurs, comme le chercheur en sécurité Célestin Delanga, doutent de
l’efficacité réelle de cette offensive. “Haskanite, comme toutes les autres
opérations similaires, est vouée à échouer si elle ne s’accompagne pas d’une
stratégie à long terme pour sécuriser la région et intégrer les communautés
locales”, souligne-t-il. Pour lui, les forces armées tchadiennes peuvent bien
frapper fort, mais tant que Boko Haram reste une hydre aux multiples têtes, qui
se régénèrent au gré des interventions, la violence continuera. “On ne peut pas
combattre une idéologie armée avec des tanks et des fusils. Il faut une
approche sociale, un soutien à la population, ce que le gouvernement semble
constamment ignorer,” tranche-t-il, jetant un doute cynique sur le véritable
impact de cette nouvelle opération.
D’autres,
comme l’analyste géopolitique Aziz Mahamat Saleh, voient dans Haskanite un
symbole de puissance et une réponse nécessaire aux attaques récentes. “Deby
envoie un message fort :
le Tchad n’abandonnera pas la lutte. Boko Haram profite de la passivité des
États pour s’implanter.
En montrant qu’il est prêt à descendre lui-même sur le front, Deby marque un
tournant dans la politique sécuritaire de la région”, explique-t-il. Pour lui,
Haskanite n’est pas seulement une réplique militaire, mais une démonstration
d’autorité. “Le Tchad devient un pilier de la stabilité régionale, et la
présence de Deby sur le terrain galvanise les troupes comme aucune autre mesure
ne pourrait le faire.”
Alors
que les opinions des experts divergent sur le bien-fondé de l'opération, il est
difficile de ne pas se poser une question plus cynique : combien de “grandes offensives”
faudra-t-il avant de voir un impact tangible? Les chiffres de Boko Haram n’ont
pas baissé. Les communautés autour du lac Tchad continuent de vivre dans la
terreur. Les frontières
de l’insécurité semblent s’élargir, et chaque année apporte son lot
d’offensives “décisives.” Peut-être qu’Haskanite apportera quelque chose de
neuf, peut-être juste un nom de plus dans la liste des batailles sans fin
contre une menace insaisissable.
Par Molongi Nzoto Libumutulu