Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a échangé ce mardi 13 août à Lubumbashi avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC).
Ministère du Commerce extérieur.
La
République démocratique du Congo, représentée par Julien Paluku, ministre du
Commerce extérieur, a mis sur la table une proposition aussi ambitieuse que
pragmatique : créer des banques d'investissement pour financer les infrastructures,
l'énergie, et l’agriculture à l’échelle régionale. Le 17e forum d'affaires du
COMESA, à Bujumbura, est à peine ouvert que déjà les débats s'enflamment autour
de cette idée. Pour Paluku, il est grand temps que les 21 pays membres du
COMESA coordonnent leurs efforts pour lancer des projets communs et même
capturer la manne du crédit carbone. Mais est-ce que le COMESA, cet éternel
chantier de promesses, est prêt pour un tel saut de foi ?
Les
avis divergent bien entendu. Un économiste régional, sceptique comme il se
doit, déclare : « Les banques d’investissement, c’est bien joli, mais qui va
réellement financer ces fonds ? La RDC a de l’ambition, et c’est noble, mais
comment parler de banques d’investissement quand l’économie locale reste
tributaire de financements extérieurs ? Et puis, soyons honnêtes, créer des
institutions régionales, c’est bien, encore faut-il que celles-ci fonctionnent
sans sombrer dans la bureaucratie ou, pire, dans l'inefficacité. »
De
l’autre côté, un analyste optimiste du COMESA voit dans cette initiative une
lueur d’espoir pour la région : « Une banque d’investissement régionale
permettrait de canaliser les ressources là où elles sont vraiment nécessaires
et de développer des secteurs stratégiques de façon coordonnée. Nous avons vu
trop de projets mourir faute de financement adéquat. C’est un moment historique
où le COMESA peut enfin poser les bases d’un développement durable et
solidaire. » Pour cet analyste, la RDC prend le leadership dont l’Afrique a
besoin, un geste audacieux mais potentiellement transformateur.
Au
fond, toute cette rhétorique nous laisse songeurs. Chaque année, le COMESA
revient avec de nouveaux plans pour « accélérer l’intégration régionale » et
renforcer l’agriculture et le secteur minier. Cette fois, le thème est à la «
chaîne de valeur » pour des « domaines de l’agriculture résiliente au climat,
de l'exploitation minière et du tourisme ». Le concept est certes novateur,
mais au-delà des discours enflés et des déclarations flamboyantes, reste la
réalité crue : une montagne de défis à gravir. Combien de ces projets
verront-ils vraiment le jour ? Les banques d’investissement annoncées
seront-elles la clé qui débloquera la prospérité régionale ou finiront-elles
comme une autre promesse oubliée, rangée dans les tiroirs des forums passés ?
Par Ngolo Mohindo Graciousé