Le Congo, un
pays autrefois au sommet du leadership africain, se retrouve aujourd'hui
confronté à une réalité amère : son développement est intrinsèquement lié à la
solidification de sa démocratie et de ses institutions. Depuis son indépendance
en 1960, la quête démocratique et le développement ont toujours été imbriqués,
un choix inscrit dans l’ADN congolais. Mais cette quête, souvent marquée par
des crises internes et des conflits, a causé un recul dramatique sur presque
tous les plans. Aujourd’hui, des nations telles que l’Angola dominent la
sous-région, un constat qui, pour beaucoup, devrait piquer au vif l’orgueil
national.
Pour Jean
Kambale, politologue et analyste des affaires africaines, le diagnostic est
clair : « La défaillance démocratique de la RDC depuis l’indépendance est la
véritable cause de notre retard. Notre incapacité à maintenir la stabilité
politique et à respecter nos engagements internes, ce que j’appelle le Pacte
Républicain, a empêché toute forme de développement durable. » Pour Kambale, la
RDC ne peut pas espérer récupérer son statut de leader sans une transformation
profonde et définitive de son approche politique.
Cependant, cette
analyse n’est pas partagée par tous. Pour Sarah Lukusa, économiste et
spécialiste du développement, l’équation démocratie-développement est une
fausse piste. « Ce n’est pas une question de démocratie seulement. Beaucoup de
pays, comme la Chine, ont prouvé que le développement peut être atteint sans
passer par un modèle démocratique strict. Le Congo doit d'abord concentrer ses
efforts sur des réformes économiques robustes et une gestion rigoureuse des
ressources, plutôt que de se perdre dans des luttes politiques sans fin. »
Lukusa souligne que le Congo a suffisamment de ressources pour se développer,
mais il manque cruellement de discipline économique et de vision à long terme.
Entre ces deux
positions, une réalité s'impose : le Congo perd du temps. La politique congolaise,
souvent marquée par des tensions internes et des jeux de pouvoir égoïstes,
continue de freiner le potentiel immense du pays. Les guerres intestines et les
rivalités ont fini par miner le développement national et faire chuter la RDC
au bas de l’échelle régionale. Ce déclin, autrefois impensable, est aujourd’hui
le quotidien d’un pays qui ne parvient pas à transformer ses crises en
opportunités de croissance.
Le véritable
défi pour le Congo réside donc dans la réconciliation de son identité libre
avec une gouvernance qui privilégie l'intérêt national au-delà des ambitions
personnelles. La solution, selon plusieurs observateurs, est simple mais
difficile à atteindre : respecter le Pacte Républicain, établir des
institutions solides, et cesser d’être le champ d’expérimentation des
puissances étrangères. Le Congo ne doit plus être un État failli, mais une
nation capable de reprendre son rôle de leader en Afrique.
Le choix est
crucial et urgent : persister dans les erreurs du passé ou bâtir un futur digne
des aspirations de ses citoyens. Le Congo doit se réveiller et cesser d’être
spectateur de la montée en puissance de ses voisins. Car pendant que Kinshasa
tergiverse, Luanda avance. Le leadership ne se donne pas, il se prend. Pour le
Congo, il est temps de faire ce choix avant qu’il ne soit trop tard.
Par
Masumbuko Diazolana Juvénal