Justice en Crise ou Collaboration Nécessaire ? Le Duel Silencieux qui Divise le Pouvoir !

Date: 2024-09-06
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À la sortie d’une rencontre tendue avec la Première ministre ce jeudi 5 septembre 2024 à la Primature, le président du Conseil supérieur de la magistrature a levé le voile sur un conflit qui couve depuis plusieurs semaines. « Nous lui avons déposé le PV de notre réunion d'hier », a-t-il révélé, marquant un acte de défiance à peine voilé contre la décision controversée du ministre de la Justice. Cette décision interdit aux magistrats de transférer des suspects en prison, une mesure qui a jeté de l’huile sur le feu et déclenché un bras de fer inédit entre la justice et l’exécutif.

 

Dieudonné Kamuleta, président de la Cour constitutionnelle et visage de la rébellion silencieuse des magistrats, plaide pour un retour à la raison. « Ne nous mettons pas dans une approche de confrontation. Nous voulons voir comment ensemble faire avancer la chose publique », a-t-il déclaré, tentant d’adoucir le ton sans pour autant céder sur l’essentiel : l’indépendance et la dignité du pouvoir judiciaire. Mais est-ce vraiment une question de collaboration ou un simple jeu de pouvoir dans lequel chacun tire la couverture à soi ?

 

Une crise à double visage

 

Les avis divergent sur cette crise qui n’en finit pas de secouer la République. Pour Me Jean-Paul Mukolo Nkokesha, procureur général près de la Cour constitutionnelle, l’affaire est simple : « Il s’agit de préserver la séparation des pouvoirs. Nous ne pouvons pas accepter que l’exécutif piétine les prérogatives de la justice en imposant des directives qui violent l’État de droit. » Pour lui, la décision du ministre n’est rien d’autre qu’une tentative déguisée de museler la justice, et les magistrats ne peuvent pas se laisser dicter la conduite à tenir.

 

De l’autre côté, une voix discordante se fait entendre, celle de Maître Théo Mavambu, un expert juridique proche des cercles du pouvoir exécutif. Selon lui, « le ministre de la Justice n’a fait qu’exercer ses prérogatives pour éviter les abus dans le système carcéral déjà surchargé. Il ne s’agit pas d’un affront à la magistrature mais d’une gestion de crise qui demande une approche pragmatique. Les magistrats doivent comprendre qu’il ne s’agit pas ici d’une question de fierté mais de gouvernance et de sécurité publique. »

 

Quand la confrontation devient l’enjeu de tous

 

Au-delà de ce duel d’experts, la question reste entière : jusqu’où ira ce bras de fer entre les magistrats et le ministre ? Dieudonné Kamuleta, dans une tentative de désamorcer la crise, martèle que « toutes les institutions congolaises sont concernées par la bonne marche de notre pays. Nous sommes obligés de collaborer parce que, tous, nous appartenons aux institutions du pays ». Il appelle à une union sacrée, mais ses paroles sonnent comme un vœu pieux face à l’ampleur des divergences.

 

Le président du Conseil supérieur de la magistrature affirme que « le pouvoir judiciaire doit rester en permanence en contact avec les autres pouvoirs », mais l’ombre de la confrontation plane. La promesse de « réaliser la vision du Chef de l'État » pourrait-elle suffire à colmater les brèches d’un système ébranlé par les conflits de pouvoir ? Pour le moment, rien n’est moins sûr.

 

Une coopération nécessaire ou une lutte pour la survie ?

 

La situation actuelle révèle les failles profondes de notre système de gouvernance. Ce qui pourrait passer pour une querelle d’interprétation juridique est en réalité un symptôme d’une maladie bien plus grave : celle de l’absence de confiance et de collaboration sincère entre les institutions. Si le discours de Kamuleta appelle à la coopération, les faits montrent que cette harmonie reste encore à construire. Ce n’est pas simplement une affaire de magistrats en colère contre un ministre. C’est l’illustration d’une bataille pour l’indépendance et l’intégrité des institutions dans un pays où le pouvoir a trop souvent tenté de contrôler ce qui ne devrait pas l’être.

 

Le chemin vers une solution passera par un dialogue sincère, mais aussi par le respect mutuel des prérogatives de chacun. Ce bras de fer est une opportunité de redéfinir les règles du jeu démocratique en RDC. Car au-delà des divergences, l’intérêt supérieur de la nation doit primer. Saurons-nous, cette fois, saisir cette occasion ?

 

Par Lukeni Fwamba Donatien

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