Socapalm : La Montée En Flèche De L’Action Qui Cache Une Realité Bien Plus Douteuse

Date: 2024-10-30
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Une entreprise modèle ou une machine à cash irresponsable ?


L’action de Socapalm a littéralement explosé à la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) ces deux dernières années, doublant de valeur, une performance spectaculaire, bien qu’étrangement discrète pour une entreprise censée jouer un rôle majeur dans l’agriculture durable et la production d'huile de palme. Si l’on en croit les chiffres, l’entreprise, qui domine le secteur de l'huile de palme au Cameroun, semble avoir tout pour plaire : une forte croissance, une gestion rigoureuse, et des bénéfices qui vont crescendo. Mais est-ce réellement l’histoire que nous devrions retenir ?

 

Au départ, Socapalm n’était qu’un nom parmi tant d’autres dans l’agro-industrie camerounaise. Mais, comme par magie, sa performance à la BVMAC a attiré les investisseurs, qui n'ont pas tardé à en faire une valeur sûre. Partant de 27 200 FCFA en janvier 2022, l’action a atteint 50 100 FCFA à la clôture des cotations en 2023, doublant ainsi sa valeur. Pas mal, non ? Certains y voient une réelle progression, une promesse d’avenir pour le secteur agro-industriel de la sous-région. Mais est-ce aussi simple ?

 

D’un côté, Kabiné Fofana, analyste politique guinéen, semble admirer ce tour de force économique. Pour lui, la performance de Socapalm s'explique par un mélange habile de stratégie de gestion, d’optimisation des coûts de production et d’une meilleure prise en compte des dynamiques du marché. L’entreprise, selon lui, a fait un travail de régulation admirable pour obtenir des rendements élevés malgré la pression sur les coûts. Il souligne même qu’une gestion aussi disciplinée mérite d’être saluée dans un contexte où les entreprises souffrent de la hausse des coûts des intrants agricoles.

 

Cependant, du côté de Rafiou Sow, président du Parti du Renouveau et du Progrès, cette ascension fulgurante de l’action est loin d’être un motif de célébration. Il ne cache pas son scepticisme face à ce qu’il appelle « l’illusion d’une croissance ». Selon lui, cette hausse semble davantage être le fruit d’une spéculation des investisseurs, qui se sont empressés de profiter de la hausse sans réellement tenir compte des impacts sociaux et environnementaux de l’activité de Socapalm. Il remet en question la durabilité de ces performances, soulignant que l’entreprise profite d’un monopole dans la production d’huile de palme, ce qui fait d’elle un acteur quasi intouchable dans un marché trop peu régulé.

 

Un résultat net et un dividende… mais à quel prix ?

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, Socapalm a enregistré un résultat net de 13,7 milliards FCFA, en hausse de 15,6 % par rapport à l’année précédente. Les actionnaires ne sont pas en reste, recevant un dividende de 1,8 milliard FCFA, soit 20 % de plus que l’année précédente. Mais alors, où est le hic ? L’augmentation de la production d’huile de palme a-t-elle des conséquences pour les communautés locales et l’environnement ? Les terres sur lesquelles Socapalm exploite ses palmeraies sont-elles acquises dans les règles de l’art ? Et qu’en est-il des conditions de travail des employés ? Peu de réponses à ces questions, et c’est là que réside le problème. Derrière ce joli tableau financier, on peut se demander si cette croissance ne cache pas des dérives qui ne sont pas toujours visibles aux yeux du grand public.

 

Une entreprise prospère, un environnement en souffrance ?

 

Sous les airs d’une entreprise modèle qui fait briller le secteur privé camerounais, la réalité peut parfois sembler bien différente. Socapalm, comme d'autres géants agro-industriels, n’échappe pas aux critiques concernant l’exploitation des ressources naturelles et des populations locales. Si l’on en croit les critiques, la société continue de pousser les limites des pratiques environnementales, tout en restant concentrée sur ses résultats financiers. La rumeur de la spéculation autour des terres utilisées par Socapalm refait surface chaque année, tandis que les questions de gestion durable, de conditions de travail décentes et d’impact environnemental sont reléguées au second plan.

 

La question que l’on peut légitimement se poser est donc : jusqu’où la BVMAC peut-elle soutenir une action qui semble tant profiter à une poignée d’investisseurs, mais qui, en coulisse, est peut-être le reflet de pratiques tout sauf durables ? Les performances financières de Socapalm sont incontestables, mais elles ne racontent qu’une partie de l’histoire. Il serait naïf de croire qu'une entreprise capable de telles prouesses financières est nécessairement un modèle pour le développement durable ou la responsabilité sociale.

 

Finalement, cette frénésie d’achats et de ventes autour de l’action Socapalm à la BVMAC semble être un jeu d’apparences, où l’objectif est de capitaliser sur l’image de l’entreprise sans forcément questionner les réalités qui la sous-tendent. L’action monte, les dividendes affluent, mais à quel prix pour l’environnement et les communautés locales ?

 

Par Bendele Limbondo Doukoure


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