Électricité Cameroun: Une Harmonisation De Tarifs Qui Déroute Plus Qu'elle N'Éclaire

Date: 2024-10-30
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À partir du 1ᵉʳ novembre 2024, tous les clients d'Eneo, l'unique distributeur d'électricité au Cameroun, se verront appliquer les nouveaux tarifs harmonisés. Cette belle initiative promettant plus d'équité, de transparence et de simplicité n'est-elle qu'une excuse pour augmenter encore les factures des consommateurs? Une chose est certaine, l'ombre du scepticisme plane sur ces ajustements tarifaires, tant les annonces semblent surréalistes dans un pays où l’électricité reste un luxe pour beaucoup.

 

Les experts se divisent sur le sujet. D'un côté, il y a ceux qui, tel Jean-Claude M. économiste et consultant en énergie, applaudissent cette mesure comme étant "une avancée vers un secteur plus régulé et plus juste". Pour lui, l'uniformisation des tarifs est essentielle pour éviter les abus, notamment dans le secteur du prépayé, où certains consommateurs se retrouvaient à payer des prix plus élevés pour la même quantité d'énergie. "La régulation est nécessaire pour que tout le monde paie le même prix. Cela peut sembler compliqué au début, mais à long terme, cela réduira les disparités et rendra les tarifs plus transparents", explique-t-il d'un ton assuré.

 

Mais il y a aussi le point de vue d’Henri K., un analyste en politique énergétique, qui n'y voit qu'une simple mise en scène. "C'est une farce", lance-t-il, ses bras croisés, en secouant la tête. "Ce que l'ARSEL appelle harmonisation est en fait une stratégie pour camoufler les véritables problèmes du secteur. Il n’y a pas de réelle révision des structures de coûts, juste un maquillage des tarifs. Cette réforme ne fait que préparer le terrain à de nouvelles hausses déguisées sous des tranches tarifaires", fustige-t-il. Selon lui, l’alignement des tarifs va servir d’excuse pour justifier une hausse du coût de la consommation d’électricité, déjà inabordable pour une partie de la population camerounaise.

 

Et c'est là que réside le vrai piège. Tandis que certains applaudissent l'initiative sous prétexte qu'elle "améliore" la transparence et la simplicité, d’autres mettent en lumière un objectif caché : faire croire à une réforme profonde tout en perpétuant les inégalités. Le mécanisme de réévaluation mensuelle, par exemple, ne fera qu'ajuster les prix en fonction de la consommation. En d'autres termes, plus vous consommez, plus vous payez — mais à des tranches qui peuvent changer au fil du temps.

 

Eneo, de son côté, se défend avec des slogans d’équité et de simplification, et parle de réajustements justes. L'entreprise s'est bien gardée de mentionner que cette "harmonisation" repose sur des tarifs datant de 2012, un gage de modernité tout de même! Le prix du kWh ne semble pas vraiment se moduler en fonction de l’efficience ou de la gestion du réseau, mais simplement d’une volonté de rééquilibrer les coûts à la tête du consommateur. En somme, l’énergie devient un produit de luxe à consommer avec modération… et toujours au prix fort.

 

Quant à l'ARSEL, elle se positionne comme le grand régulateur, assurant que tout sera sous contrôle et que la transition sera "douce". Mais que dire alors de la "transparence" promise, quand les consommateurs auront du mal à démêler les multiples changements tarifaires à chaque nouvelle facture? La réalité est que, comme toujours, ce sont les clients qui devront payer pour l’amélioration du système, non pas l’entreprise elle-même. De l’illusion d’équité à la réalité des factures, il n'y a qu'un pas, et il se franchit bien trop facilement.

 

Finalement, l’harmonisation des tarifs d’électricité au Cameroun ressemble moins à une avancée pour les consommateurs qu’à une énième manipulation des prix. Que la régulation soit nécessaire est une chose, mais il serait naïf de croire que l'on va vers plus de justice dans un pays où l'énergie reste encore une bataille de tous les jours pour une grande partie de la population.

 

Les consommateurs, eux, continueront à subir une réalité amère : celle où l’électricité est un luxe réservé à ceux qui peuvent encore se permettre de l'acheter.

 

Par Molongi Nzoto Libumutulu

 

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