L’illusion africaine du pétrole et de la transition énergétique

Date: 2024-10-30
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L’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) a réuni, du 28 octobre au 1er novembre 2024, ses membres à Yaoundé, sous la houlette de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), pour discuter de la création de la Banque africaine de l’énergie (AEB). On attendait des solutions innovantes, mais à y regarder de plus près, on pourrait se demander si ce n’est pas encore un autre coup d’épée dans l’eau.


D’un côté, des experts voient dans cette initiative la panacée des problématiques énergétiques de l’Afrique. Cette banque aurait la mission de faciliter l'accès au financement pour le secteur pétrolier, en particulier face à la pression croissante des bailleurs de fonds traditionnels réticents à soutenir des projets qui ne respectent pas les critères environnementaux. Mais est-ce vraiment une solution durable ? L’ambition de "réduire l'empreinte carbone" dans un contexte où les investissements dans le pétrole et le gaz restent au centre de cette "transition énergétique" semble plus une pirouette qu’une stratégie solide. Le Cameroun, qui ambitionne de moderniser ses infrastructures pétrolières, rêve déjà des milliards de dollars d’investissements en provenance de cette nouvelle institution.


De l’autre côté, certains experts émettent de sérieuses réserves sur l’efficacité réelle de ce projet. Comment espérer que cette banque, bien qu’innovante en apparence, puisse véritablement répondre aux enjeux environnementaux quand le but premier reste de "stabiliser" un secteur en crise et non de le réformer en profondeur ? À peine 45% des 5 milliards de dollars prévus pour le capital social de l’AEB sont mobilisés, et pourtant les ambitions restent aussi élevées que les défis à surmonter. Alors, est-ce vraiment une alternative crédible à un système énergétique mondial en pleine mutation ? Le Cameroun, après avoir encaissé des milliards de FCFA de revenus pétroliers en 2024, semble tout de même concentré sur l'extraction plutôt que sur la transition. Et si tout cela n’était que le dernier tour de passe-passe pour éviter la vraie révolution énergétique qu’il faudrait impulser ?

 

Mais soyons francs: cet énième conclave à Yaoundé n’est-il pas le dernier sursaut d’un secteur qui, malgré les déclarations d’intention, reste dépendant de ses vieux démons ? Le pétrole, ici, reste la vache à lait d’un continent qui peine à se débarrasser de ses dépendances. On parle de transition, mais en réalité, on navigue à vue, et l’Afrique semble se contenter de solutions temporaires, attendant le miracle. Qui peut croire que la création d’une banque qui finance les infrastructures pétrolières avec des "pratiques durables" résoudra la question cruciale de la transition énergétique en Afrique ?

 

Alors, l’AEB, une solution ou un mirage de plus dans le désert énergétique africain ? L’histoire nous le dira, mais en attendant, il semble que le pays, les projets et les promesses tournent en rond.

 

Par Ngolo Mohindo Graciousé

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