L’Organisation
des producteurs de pétrole africains (APPO) a réuni, du 28 octobre au 1er
novembre 2024, ses membres à Yaoundé, sous la houlette de la Banque africaine
d’import-export (Afreximbank), pour discuter de la création de la Banque
africaine de l’énergie (AEB). On attendait des solutions innovantes, mais à y
regarder de plus près, on pourrait se demander si ce n’est pas encore un autre
coup d’épée dans l’eau.
D’un
côté, des experts voient dans cette initiative la panacée des problématiques
énergétiques de l’Afrique. Cette banque aurait la mission de faciliter
l'accès au financement pour le secteur pétrolier, en particulier face à la
pression croissante des bailleurs de fonds traditionnels réticents à soutenir
des projets qui ne respectent pas les critères environnementaux. Mais est-ce
vraiment une solution durable ? L’ambition de "réduire l'empreinte
carbone" dans un contexte où les investissements dans le pétrole et le gaz
restent au centre de cette "transition énergétique" semble plus une
pirouette qu’une stratégie solide. Le Cameroun, qui ambitionne de moderniser
ses infrastructures pétrolières, rêve déjà des milliards de dollars
d’investissements en provenance de cette nouvelle institution.
De
l’autre côté, certains experts émettent de sérieuses réserves sur l’efficacité
réelle de ce projet. Comment espérer que cette banque, bien qu’innovante en
apparence, puisse véritablement répondre aux enjeux environnementaux quand le
but premier reste de "stabiliser" un secteur en crise et non de le
réformer en profondeur ? À peine 45% des 5 milliards de dollars prévus pour le
capital social de l’AEB sont mobilisés, et pourtant les ambitions restent aussi
élevées que les défis à surmonter. Alors, est-ce vraiment une alternative crédible
à un système énergétique mondial en pleine mutation ? Le Cameroun, après avoir
encaissé des milliards de FCFA de revenus pétroliers en 2024, semble tout de
même concentré sur l'extraction plutôt que sur la transition. Et si tout cela
n’était que le dernier tour de passe-passe pour éviter la vraie révolution
énergétique qu’il faudrait impulser ?
Mais
soyons francs: cet énième conclave à Yaoundé n’est-il pas le dernier sursaut
d’un secteur qui, malgré les déclarations d’intention, reste dépendant de ses
vieux démons ? Le pétrole, ici, reste la vache à lait d’un continent qui peine
à se débarrasser de ses dépendances. On parle de transition, mais en réalité,
on navigue à vue, et l’Afrique semble se contenter de solutions temporaires,
attendant le miracle. Qui peut croire que la création d’une banque qui finance
les infrastructures pétrolières avec des "pratiques durables"
résoudra la question cruciale de la transition énergétique en Afrique ?
Alors,
l’AEB, une solution ou un mirage de plus dans le désert énergétique africain ?
L’histoire nous le dira, mais en attendant, il semble que le pays, les projets
et les promesses tournent en rond.
Par Ngolo Mohindo Graciousé