Il
pleut des cordes sur le Cameroun, mais c’est l’agriculture qui se noie. Les
récentes alertes de l’Observatoire national sur les changements climatiques
(Onacc) sont claires : la production agricole du pays est en danger, que ce
soit pour l’agriculture vivrière ou les cultures d’exportation. Cacao, palmier
à huile, banane, hévéa : rien ne semble échapper aux caprices du climat. Une
pluie trop forte, un vent violent et voilà que les bananeraies, palmeraies et
cacaoyères se transforment en marécages de désastre. Et, comme d’habitude, le
gouvernement observe en silence, sans plans d'action clairs ni solutions
concrètes.
Certains
experts ne croient cependant pas qu’il s’agit là d’un accident de parcours,
mais d’un symptôme d’une agriculture mal préparée. “Ce n’est pas une question
de climat, mais de gestion”, argue l’un d’eux. Selon lui, les inondations et la
pourriture des récoltes sont avant tout le fruit de pratiques agricoles
dépassées et d’une gestion étatique qui laisse à désirer. “Les agriculteurs ne
sont pas formés, les infrastructures sont inexistantes et les autorités, comme
toujours, se contentent de regarder”, ajoute-t-il avec une dose de cynisme.
C'est bien beau de pleurer sur la pluie, mais l’incapacité à anticiper ces
événements est une faillite de plus pour un gouvernement déjà en retard sur
tout.
Pour
un autre expert, la situation est bien plus grave et mérite une réévaluation
immédiate de la politique agricole du pays. “Les changements climatiques sont
réels et la situation est catastrophique pour le Cameroun”, affirme-t-il, plus
alarmiste. Selon lui, les prévisions de l'Onacc ne font que confirmer ce qu’il
redoutait : l’impact des changements climatiques sur la production agricole.
“Les plantations sont mal protégées et les zones les plus exposées, comme le
grand Sud, sont les premières à être affectées. Il faut investir massivement
dans des solutions durables et des techniques d’adaptation climatique”. Mais
bien sûr, investir dans le futur semble toujours moins urgent que de remplir
les poches des quelques privilégiés au pouvoir.
Et
que fait le Cameroun face à cette menace ? L'Onacc recommande aux agriculteurs
de suivre son calendrier agricole, mais qui peut réellement croire que des
conseils théoriques et des plans bureaucratiques suffiront à résoudre une crise
climatique qui frappe déjà à la porte ? L'État camerounais semble plus
préoccupé par ses discussions sans fin autour des projets énergétiques que par
l’avenir agricole du pays.
Le
paradoxe ? Alors que les autorités se vantent de vouloir moderniser
l’agriculture, les conditions climatiques qui dévastent les récoltes sont
ignorées dans les discours politiques. Pour le moment, les réponses du
gouvernement ressemblent plus à des solutions temporaires qu'à une prise en
charge réelle des défis climatiques. Des milliards sont promis pour des projets
énergétiques, mais rien ou presque n'est alloué à l'adaptation climatique qui,
pourtant, pourrait sauver l’agriculture du pays d’une mort lente. Le climat est
devenu l’ennemi numéro un de l’agriculture camerounaise, mais au lieu de
l’affronter avec des solutions concrètes, on continue de l’ignorer, dans
l’espoir que la pluie finira par cesser.
Par Bendele Limbondo Doukoure