Six kilomètres de câbles à Kinshasa et tout le monde applaudit mais qui en profite vraiment ?

Date: 2024-10-24
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Les habitants de Kinshasa peuvent-ils enfin respirer de soulagement après l’annonce d’une avancée révolutionnaire : l’installation de six kilomètres de câbles électriques moyenne tension (MT) ? Ou s’agit-il encore d’une promesse sur papier, un de ces exploits qui disparaît dans le tourbillon de l’incompétence ? Certes, la Société nationale d’électricité (Snel) a annoncé ce “progrès monumental” dans la capitale, mais avant de se réjouir, il convient de se poser la question : à qui profite vraiment cette avancée ?

 

Les experts se divisent sur cette question. Pour l'un d'eux, c’est presque de l’héroïsme. "Cette initiative est une réponse directe aux doléances des citoyens", explique-t-il. "Kinshasa souffre depuis trop longtemps de coupures électriques, et ces câbles sont censés améliorer la fiabilité du réseau. C’est une avancée indéniable pour le bien-être de la population." Peut-être, mais qu’est-ce qui change vraiment ? Six kilomètres, c’est moins que ce qu’un étudiant en génie électrique pourrait poser lors d’un stage d’été. Et pourtant, on nous vend ça comme un miracle. Cette pseudo-amélioration ne serait-elle pas plutôt le minimum acceptable dans une ville où la crise énergétique dure depuis des décennies ?

 

Un autre expert, lui, se moque ouvertement de cette annonce. "C’est une farce. En quoi six kilomètres de câbles peuvent-ils résoudre les pannes qui affectent Kinshasa depuis des années ? C’est comme colmater un trou avec un sparadrap tout en ignorant l’hémorragie", lance-t-il, visiblement irrité. "On parle de milliers de kilomètres de câbles à remplacer, et on en est à six. C’est une blague de mauvais goût. Sauf si bien sûr, ce sont des câbles en or, mais je doute fort que ce soit le cas."

 

Et pourtant, la Snel continue de faire la fête. Selon le communiqué, ces câbles sont posés "dans le cadre de l’assainissement du réseau électrique", comme si ce simple geste pouvait racheter des années d’abandon et d’amateurisme dans la gestion de l’électricité. On parle de 5.986 mètres de câbles dans une ville de plus de 12 millions d'habitants. Cela peut-il vraiment suffire à changer la donne ? Le problème n’est pas la quantité, mais la qualité et la pérennité des infrastructures mises en place. Pour que Kinshasa ait de l’électricité de manière fiable, il faudrait plus que quelques câbles par-ci par-là. Il faudrait une véritable réforme du secteur, une refonte totale des pratiques de gestion de l’énergie, et cela commence bien au-delà de six kilomètres.

 

Mais bien sûr, il est plus facile de vendre six kilomètres de câbles comme un exploit monumental plutôt que de s'attaquer à la racine du problème : une gestion inefficace et une vision à court terme. En attendant, les Congolais, eux, continueront d'attendre des promesses qui n'arrivent jamais à se concrétiser, tout en se contentant de ces annonces de "progrès" pour se rassurer.

 

Par Ngolo Mohindo Graciousé

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