La République
Démocratique du Congo (RDC) se retrouve en première ligne d'une crise sanitaire
majeure, avec plus de 1000 nouveaux cas de mpox signalés en une semaine. Cette
situation alarmante place le pays au centre d'une épidémie qui ne cesse de
s'intensifier, mettant en péril non seulement la santé publique locale mais
aussi la stabilité sanitaire de tout le continent africain. Alors que cette
maladie, apparentée à la variole, continue de se propager à un rythme
inquiétant, les autorités sanitaires africaines lancent un appel désespéré pour
obtenir des vaccins afin de contrer cette menace croissante.
En 2024, la RDC a
recensé près de 18 000 cas de mpox, soit 94 % des cas signalés en Afrique, et
la majorité des décès liés à cette maladie provient également de ce pays. Ce
bilan tragique est probablement sous-estimé, car les capacités de dépistage
dans la région restent gravement limitées. Selon le Dr Jean Kaseya, directeur
des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique),
le manque de moyens pour tester et surveiller les cas suspectés complique la
lutte contre l’épidémie, laissant craindre que la situation réelle soit encore
plus désastreuse.
Au cours de la
dernière semaine seulement, la RDC a enregistré 1030 des 1405 nouveaux cas
signalés en Afrique. Cette flambée a conduit l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) à classer la situation en urgence sanitaire mondiale, une mesure
qui vise à mobiliser les ressources internationales et à encourager les
donateurs à fournir les vaccins nécessaires. Cependant, malgré quelques
promesses récentes, l'Afrique attend toujours des millions de doses
indispensables pour contenir l'épidémie. Le ministre de la Santé de la RDC a
souligné que trois millions de doses seraient nécessaires rien que pour son
pays, un chiffre qui souligne l'ampleur du défi.
L’épidémie de mpox en
RDC et dans d’autres pays africains met en lumière un traitement inégal et
injuste de l’Afrique par la communauté internationale. En 2022, une épidémie
mondiale de mpox dans plus de 70 pays a été maîtrisée en quelques mois grâce à
une disponibilité rapide des vaccins et des traitements dans les pays riches.
En revanche, l'Afrique, où la maladie sévissait déjà depuis des années, a reçu
peu ou pas de soutien. Cette négligence rappelle tristement la pandémie de
COVID-19, où l'Afrique avait été largement ignorée dans la distribution des
vaccins, provoquant une profonde indignation sur le continent.
Le président
sud-africain, Cyril Ramaphosa, a vivement critiqué la réponse mondiale à
l’épidémie de 2022, la qualifiant d’injuste et d’inéquitable. Dans une
déclaration, il a exhorté la communauté internationale à garantir un « accès
équitable » aux diagnostics et aux vaccins contre la mpox cette fois-ci, pour
éviter que l'histoire ne se répète. Les souvenirs amers de l'exclusion de
l'Afrique des campagnes de vaccination mondiales pendant la pandémie de
COVID-19 sont encore vifs, et la situation actuelle ne fait qu’accentuer ce
sentiment de marginalisation.
Par ailleurs, le
Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a recommandé la
semaine dernière aux voyageurs se rendant dans les zones touchées par la mpox
de vérifier s’ils sont admissibles à la vaccination. Cette démarche, bien que
prudente, pourrait accroître la pression pour obtenir plus de doses de vaccins
contre la mpox, particulièrement en Afrique, où le besoin est le plus urgent.
Face à cette crise
sanitaire, le Dr Kaseya appelle à une solidarité internationale accrue pour
éviter que l'Afrique ne soit à nouveau isolée par des interdictions de voyage,
comme ce fut le cas pendant la pandémie de COVID-19. « Ne punissez pas
l’Afrique, nous avons besoin de votre soutien », a-t-il imploré, soulignant que
le coût élevé des vaccins ne devrait pas être un obstacle à la protection des
vies humaines.
L’Afrique se trouve à
un tournant crucial, où la réponse internationale à l’épidémie de mpox pourrait
soit renforcer la confiance en une solidarité mondiale, soit, une fois de plus,
exposer les profondes inégalités qui persistent dans la gestion des crises
sanitaires à l'échelle mondiale.
Par
Pakaloyi Lisokomuntu Jean Marie de Dieu