Afrique : Enfin au Centre de la Carte ! Parce Que Le Nord Et Le Sud, C’est Trop Dépassé
Ah,
l’ancien international de l’équipe de France ! Étoile du football devenu
porte-parole de la bonne conscience mondiale. Il semble qu’après avoir dribblé
sur le terrain, il ait décidé de dribbler sur la réalité. Depuis 2008, notre
héros a fondé une organisation pour apprendre aux jeunes à se prémunir contre
le racisme. Maintenant, il nous annonce qu’il est grand temps que l’Afrique «
place son continent au centre de la carte du monde ». Bravo ! On sait enfin qui
doit réécrire les manuels de géographie.
Il
est fascinant de constater à quel point un ex-footballeur peut se transformer
en consultant géopolitique. Il nous explique que « changer la narration » est
essentiel. Après tout, qui n’a jamais rêvé d’un monde où les cartes ne sont que
des outils de marketing ? Parce qu'évidemment, placer l’Afrique au centre
changera tout. Les préjugés disparaîtront, les inégalités s’évaporeront comme
par magie et tout le monde dansera autour d’un feu de joie en chantant « Kumbaya
».
Dr.
Lucien Tremblay, géographe reconnu, est tout émoustillé par cette suggestion. «
Mettre l’Afrique au centre est une manière de réaffirmer son importance. C’est
un geste symbolique fort qui pourrait avoir un impact significatif sur la
perception du continent », déclare-t-il avec une conviction qui ferait pâlir
d’envie un politicien. Mais peut-on vraiment croire que les gens changeraient
d’avis juste parce qu’ils voient une nouvelle carte dans leur classe de
géographie ?
À
l'opposé, Mme. Aïcha Ndoye, sociologue et réaliste, n’a pas mâché ses mots. «
Changer la position géographique de l’Afrique ne fait pas disparaître le
racisme. C’est un peu comme mettre un bandage sur une plaie béante. On parle
d’histoires de domination et d’exploitation, pas de simple positionnement sur
une carte », souligne-t-elle, tout en lançant un regard désabusé vers le ciel.
Elle semble dire que l’humanité n’est pas encore prête pour le grand retour à
la carte du monde.
Alors,
à quoi bon ? Placer l’Afrique au centre ne suffira pas à effacer des siècles de
stéréotypes et de préjugés. C’est un peu comme essayer de faire disparaître un
nuage de fumée avec un ventilateur. Il y a un certain pathétique à croire qu’un
simple changement de perspective géographique pourrait métamorphoser la vision
qu’a le monde d’un continent riche en culture, mais encore trop souvent
cantonné à des caricatures.
Le
cynisme de cette proposition est à couper au couteau. Alors qu’on s’attendrait
à des actions concrètes, des réformes profondes, nous avons droit à un discours
formaté qui n’a pas d’autre ambition que de faire briller un ego. Il est certes
louable de vouloir éduquer les jeunes contre le racisme, mais si c’est pour les
endoctriner avec des slogans creux et des cartes reluisantes, on est en droit
de se poser des questions.
En
fin de compte, plaçons l’Afrique au centre de la carte, mais n’oublions pas que
ce qui compte vraiment, ce sont les histoires humaines derrière chaque
territoire. Ce n’est pas un dessin qui changera la perception ; c’est
l’éducation, le dialogue et, surtout, un vrai respect mutuel. Alors, chers lecteurs,
gardez votre cynisme aiguisé et regardez bien au-delà des belles paroles et des
idées séduisantes. Peut-être qu’un jour, nous n’aurons plus besoin de
redessiner les cartes pour redessiner les esprits.
Par Marie Lefèvre