Ah,
la République Démocratique du Congo, ce pays où l’on trouve toujours une
solution audacieuse aux problèmes épineux ! Dernièrement, 303 détenus de la
prison centrale de Makala à Kinshasa ont été gracieusement libérés dans le cadre
d'une initiative sensationnelle du ministre de la Justice. Qui aurait cru qu’un
simple arrêté pouvait faire tant de bien ? C’est presque magique ! Mais en
réalité, que cache cette libération ?
Libération ou Simple
Remboursement ?
Libérer
des détenus pour désengorger une prison surpeuplée, c’est une idée aussi
séduisante qu’éphémère. Bien sûr, cela fait de l’effet sur le papier, mais que
se passe-t-il après ? Est-ce que ces 303 âmes vont retourner chez elles pour
danser sur les airs de la liberté, ou vont-elles être de retour pour un tour ?
Avec tant de personnes en détention préventive pour des infractions mineures,
cette opération ressemble davantage à un déstockage qu’à une réelle réforme du
système judiciaire.
Me.
Claude Mpunga, avocat pénaliste, s’est montré quelque peu critique. « Libérer
des détenus sans un réel plan de réinsertion ou sans examiner les raisons de
leur détention, c’est un coup d’épée dans l’eau. Ces gens peuvent revenir, et
les prisons se retrouveront rapidement à nouveau bondées. C’est une mesure à
court terme qui ne s’attaque pas aux véritables problèmes du système judiciaire
», déclare-t-il, secouant la tête.
D'un
autre côté, Madame Esther Nkulu, sociologue et défenseure des droits humains,
est un brin plus optimiste. « Il est important de reconnaître que cette
libération conditionnelle est un pas dans la bonne direction. Cela montre une
volonté d’alléger le fardeau carcéral, et peut-être que cela incitera à un
débat plus large sur les réformes nécessaires. Chaque petite victoire compte »,
affirme-t-elle, un sourire timide aux lèvres. Mais que vaut une victoire si
elle n’entraîne pas de changements concrets ?
Une Prison surpeuplée, des
Solutions à Court Terme
Le
problème fondamental est que cette libération n’aborde pas la cause première de
la surpopulation carcérale. Les conditions de détention sont souvent
déplorables, et les détenus attendent des mois, voire des années, avant d’être
jugés pour des infractions souvent mineures. Au lieu de se concentrer sur des
solutions durables, il semble que le gouvernement préfère le bricolage.
Un Spectacle Éphémère
Cela
ressemble à un tour de magie : un coup de baguette et 303 détenus
disparaissent. Mais la réalité est que ce n'est qu’un spectacle de cirque pour
détourner l’attention des véritables enjeux. Pendant ce temps, les
infrastructures judiciaires restent défaillantes, et les droits des détenus
continuent d’être bafoués.
Un Appel à la Réflexion
Libérer
des détenus pour désengorger les prisons peut sembler louable, mais cela ne
suffit pas. La RDC a besoin d’une réflexion profonde sur son système judiciaire
et carcéral. Les belles paroles et les mesures temporaires ne sauveront pas les
détenus ni ne garantiront la justice. Alors, chers lecteurs, gardons les yeux
ouverts : derrière chaque libération, se cache souvent un problème plus vaste
qui nécessite une réelle attention.
Par François Kalanga Mbodi