Dans
un acte que l'on pourrait qualifier de générosité héroïque, la MONUSCO a
récemment décidé de se pencher sur le sort de la police nationale à Beni en lui
apportant de l'aide alimentaire et non alimentaire. Bravo ! Qui aurait cru
qu'un bon repas pouvait résoudre les problèmes de sécurité ? À quand le
déploiement de chefs étoilés pour calmer les tensions ?
Une Aide à Double Tranchant
À
première vue, on pourrait penser que cette initiative est louable. Nourrir ceux
qui sont censés assurer notre sécurité est une belle intention, n’est-ce pas ?
Mais il est difficile de ne pas se demander si un bon plat de riz va réellement
aider la police à lutter contre l’insécurité qui gangrène la région. Pendant
que la MONUSCO distribue des sacs de farine, la réalité sur le terrain reste
bien plus complexe.
Professeur
Jean-Michel Kambala, spécialiste en sécurité régionale, s’est montré plutôt
critique. « Offrir de l’aide alimentaire à la police, c’est comme donner un
bouclier en papier mâché à un soldat. Cela peut sembler bien intentionné, mais
cela ne règle en rien les problèmes fondamentaux. La police a besoin de
formation, d'équipements adaptés, et surtout d’une stratégie claire pour faire
face à l'insécurité. Un repas ne va pas améliorer les compétences tactiques »,
explique-t-il, agitant la tête.
À
l’opposé, Madame Lisette Mwamba, experte en droits humains, adopte une
perspective plus positive. « Bien sûr, l'aide alimentaire peut sembler
secondaire, mais elle est essentielle pour maintenir le moral des troupes. Si
les policiers ne sont pas nourris, comment peuvent-ils travailler efficacement
? Cela montre aussi que la MONUSCO s'intéresse à leurs conditions de vie »,
argue-t-elle, presque convaincue. Mais n'est-ce pas là une manière de justifier
une aide qui ne s’attaque pas aux véritables enjeux ?
Une Solution Temporaire
Il
est ironique de penser que la MONUSCO, qui est là pour « stabiliser » le pays,
se concentre sur le ventre de la police plutôt que sur les défis de sécurité
qui s'accumulent comme des vieux papiers au fond d'un tiroir. Pendant que la
distribution de vivres se poursuit, les violences à Beni continuent de sévir.
On pourrait presque croire que la MONUSCO cherche à se donner bonne conscience
plutôt qu'à véritablement s’attaquer aux racines du problème.
Nourrir ou Réformer ?
À
l’issue de cette initiative, une question se pose : nourrir la police peut-il
réellement faire la différence dans la lutte contre l'insécurité ? La réponse
est probablement non. La RDC a besoin de plus que de simples gestes
humanitaires pour affronter ses problèmes structurels. Si seulement remplir les
estomacs pouvait remplir les trous béants dans le système de sécurité !
Alors,
chers lecteurs, gardons l’esprit critique. Ce n’est pas en nourrissant temporairement
ceux qui sont censés nous protéger que l'on restaurera la sécurité. La MONUSCO
doit se rappeler qu'elle n'est pas là pour jouer les mamans poules, mais pour
véritablement aider la RDC à se redresser.
Par Alain Mukuna