Depuis la
condamnation à mort de l'opposant congolais JJP Wondo et la levée du moratoire
sur la peine capitale en République Démocratique du Congo (RDC), la question se
pose : jusqu'où la Belgique peut-elle encore fermer les yeux sur les dérives du
régime de Félix Tshisekedi ?
Selon l’expert
Hubert Leclercq, la situation est sans appel. « Dans un contexte international
où les richesses en matières premières du sous-sol sont les meilleures
immunités des potentats locaux, Tshisekedi devait se croire intouchable »,
déclare-t-il. Leclercq, dans une analyse sévère mais lucide, affirme que la
Belgique, pays ayant une longue histoire avec la RDC, ne peut plus rester
spectatrice. « Après la condamnation à mort de JJP Wondo, la Belgique doit
sortir de sa réserve et dénoncer ce régime dictatorial qui a sur les mains la
mort de milliers de Congolais et l'escamotage de milliards de dollars », martèle-t-il.
Cependant, un
autre son de cloche est entendu. Pour Paul Delvaux, spécialiste des relations
belgo-congolaises, la diplomatie doit rester pragmatique. « Couper les liens
avec Kinshasa, c’est risquer de perdre toute influence dans la région et, pire,
d’encourager la montée de régimes plus radicaux encore », argue-t-il. Delvaux
insiste sur le fait que la situation, bien que préoccupante, demande une
approche subtile, mêlant dialogue et pressions modérées. « Le but n’est pas
d’isoler la RDC, mais d'encourager des réformes par l’engagement », conclut-il.
Dans ce climat
tendu, l’opinion belge semble divisée. D’un côté, les défenseurs des droits de
l’homme, scandalisés par la peine capitale et les abus de pouvoir, réclament
des sanctions fortes et immédiates. De l’autre, les partisans d’une diplomatie
plus souple estiment qu’une rupture frontale pourrait s’avérer
contre-productive.
Mais alors, la
Belgique doit-elle encore se taire ? Peut-elle moralement soutenir un régime
accusé de violations massives des droits humains tout en espérant maintenir une
certaine influence dans la région ? Le moment semble venu pour Bruxelles de
revoir sa stratégie, car l’équilibre fragile entre principes et pragmatisme
pourrait bien finir par se briser.
Les faits sont
têtus. La RDC, pays d'une richesse immense mais gangrené par des décennies
d'instabilité et de corruption, se retrouve une fois de plus au centre de
l'attention internationale. Cette fois, il ne s'agit pas seulement d'économie
ou de géopolitique, mais bien de droits humains fondamentaux.
Par
Masumbuko Diazolana Juvénal