Gabon : Brice Oligui Nguema, l’Architecte du Pouvoir ou le Bâtisseur d’une Nouvelle Dynastie ?

Date: 2024-09-10
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Gabon : Brice Oligui Nguema, l’Architecte du Pouvoir ou le Bâtisseur d’une Nouvelle Dynastie ?

 

Il y a un an, le Gabon plongeait dans une profonde métamorphose lorsque le général Brice Oligui Nguema renversait Ali Bongo Ondimba, mettant fin à une dynastie de 56 ans. Aujourd’hui, l’empreinte de ce coup d’État est plus visible que jamais, non seulement dans les bureaux du gouvernement mais aussi dans les symboles de la nouvelle ère qu’Oligui Nguema veut incarner.

 

Sur le campus de l’université Omar-Bongo à Libreville, une construction de deux étages s’élève, portant fièrement les lettres « CTRI » sur un panneau : Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions. Ce sigle, qui pourrait se traduire par « Nouveau Pouvoir en Construction », marque l’engagement d’Oligui Nguema à reformer et moderniser le pays, tout en renforçant son emprise sur le pouvoir. Le CTRI, ce nom qui résonne comme une promesse de renouveau, a pris les rênes du pays, mettant fin à des décennies de règne dynastique et installant une junte militaire qui prétend être le phare de la transition démocratique.

 

Les projets de développement sous la houlette du CTRI abondent : infrastructures modernisées, réformes économiques et promesses de transparence. La volonté de Brice Oligui Nguema de se forger une image de bâtisseur est indéniable. Selon lui, ces initiatives ne sont pas seulement des actions administratives mais des preuves tangibles de son engagement pour le progrès du Gabon. « Nous ne faisons pas seulement de la politique ; nous bâtissons l’avenir du Gabon », déclare-t-il, ajoutant que ces projets visent à créer un « nouveau Gabon » prospère et équitable.

 

Cependant, cette frénésie de modernisation est loin de faire l’unanimité. Certains observateurs, comme l’ancien ministre Jean-Baptiste Nkou, soulignent que derrière les façades rénovées se cache une consolidation du pouvoir militaire. « La transition est présentée comme une chance pour le pays, mais elle ressemble davantage à une stratégie pour légitimer et pérenniser le pouvoir du général », critique-t-il. Les craintes s’élèvent quant à une nouvelle forme de gouvernance qui pourrait, paradoxalement, reproduire les mêmes travers que le régime qu’elle prétend remplacer.

 

Le général Oligui Nguema a également entrepris de réformer les institutions du pays, mais ces réformes sont-elles véritablement orientées vers la démocratisation ou simplement un écran de fumée pour renforcer son autorité ? Alors que certains saluent les efforts de modernisation, d’autres restent sceptiques. « L’apparence de changement ne garantit pas une transformation réelle », avertit l’analyste politique Jean-Marc Kouadio. « Les structures qui régissent le pouvoir restent en grande partie intactes, et les véritables réformes doivent aller plus loin que les simples rénovations physiques. »

 

En dépit des critiques, il est indéniable que Brice Oligui Nguema a réussi à se positionner comme une figure clé dans l’histoire récente du Gabon. Ses actions, qu’elles soient perçues comme des réformes nécessaires ou des manœuvres pour asseoir son pouvoir, façonnent le pays à son image. La question demeure : le général sera-t-il capable de transformer son pouvoir de transition en une véritable légitimité démocratique, ou l’histoire se répétera-t-elle avec un nouveau visage ?

 

Les Gabonais attendent de voir si cette nouvelle ère marquée par des constructions et des réformes se traduira par un changement réel dans leur vie quotidienne ou par le renforcement d’un pouvoir qui continue de se cristalliser autour des mêmes acteurs.

 

Par Pangala Kidiakako Aldecazar

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