Gabon
: Brice Oligui Nguema, l’Architecte du Pouvoir ou le Bâtisseur d’une Nouvelle
Dynastie ?
Il
y a un an, le Gabon plongeait dans une profonde métamorphose lorsque le général
Brice Oligui Nguema renversait Ali Bongo Ondimba, mettant fin à une dynastie de
56 ans. Aujourd’hui, l’empreinte de ce coup d’État est plus visible que jamais,
non seulement dans les bureaux du gouvernement mais aussi dans les symboles de
la nouvelle ère qu’Oligui Nguema veut incarner.
Sur
le campus de l’université Omar-Bongo à Libreville, une construction de deux
étages s’élève, portant fièrement les lettres « CTRI » sur un panneau : Comité
pour la Transition et la Restauration des Institutions. Ce sigle, qui pourrait
se traduire par « Nouveau Pouvoir en Construction », marque l’engagement
d’Oligui Nguema à reformer et moderniser le pays, tout en renforçant son
emprise sur le pouvoir. Le CTRI, ce nom qui résonne comme une promesse de
renouveau, a pris les rênes du pays, mettant fin à des décennies de règne
dynastique et installant une junte militaire qui prétend être le phare de la
transition démocratique.
Les
projets de développement sous la houlette du CTRI abondent : infrastructures
modernisées, réformes économiques et promesses de transparence. La volonté de
Brice Oligui Nguema de se forger une image de bâtisseur est indéniable. Selon
lui, ces initiatives ne sont pas seulement des actions administratives mais des
preuves tangibles de son engagement pour le progrès du Gabon. « Nous ne faisons
pas seulement de la politique ; nous bâtissons l’avenir du Gabon »,
déclare-t-il, ajoutant que ces projets visent à créer un « nouveau Gabon »
prospère et équitable.
Cependant,
cette frénésie de modernisation est loin de faire l’unanimité. Certains
observateurs, comme l’ancien ministre Jean-Baptiste Nkou, soulignent que
derrière les façades rénovées se cache une consolidation du pouvoir militaire.
« La transition est présentée comme une chance pour le pays, mais elle
ressemble davantage à une stratégie pour légitimer et pérenniser le pouvoir du
général », critique-t-il. Les craintes s’élèvent quant à une nouvelle forme de
gouvernance qui pourrait, paradoxalement, reproduire les mêmes travers que le
régime qu’elle prétend remplacer.
Le
général Oligui Nguema a également entrepris de réformer les institutions du
pays, mais ces réformes sont-elles véritablement orientées vers la
démocratisation ou simplement un écran de fumée pour renforcer son autorité ?
Alors que certains saluent les efforts de modernisation, d’autres restent
sceptiques. « L’apparence de changement ne garantit pas une transformation
réelle », avertit l’analyste politique Jean-Marc Kouadio. « Les structures qui
régissent le pouvoir restent en grande partie intactes, et les véritables
réformes doivent aller plus loin que les simples rénovations physiques. »
En
dépit des critiques, il est indéniable que Brice Oligui Nguema a réussi à se
positionner comme une figure clé dans l’histoire récente du Gabon. Ses actions,
qu’elles soient perçues comme des réformes nécessaires ou des manœuvres pour
asseoir son pouvoir, façonnent le pays à son image. La question demeure : le
général sera-t-il capable de transformer son pouvoir de transition en une
véritable légitimité démocratique, ou l’histoire se répétera-t-elle avec un
nouveau visage ?
Les
Gabonais attendent de voir si cette nouvelle ère marquée par des constructions
et des réformes se traduira par un changement réel dans leur vie quotidienne ou
par le renforcement d’un pouvoir qui continue de se cristalliser autour des
mêmes acteurs.
Par Pangala Kidiakako Aldecazar