Hongrie en Mission : Budapest Se
Lance dans le Sahel, Entre Ambitions et Controverses
À
première vue, la scène semblait presque incongrue : le président tchadien
Mahamat Idriss Déby, en visite officielle à Budapest, rencontre Viktor Orban,
le premier ministre hongrois. Cette rencontre marque le début d'une mission
militaire hongroise inédite au Tchad, où Budapest projette d'envoyer deux cents
soldats pour soutenir les forces locales contre les djihadistes. Ce geste, pour
le moins inattendu, survient à un moment où l’Occident se retire du Sahel et où
la Russie étend son influence.
Une Ambition Inattendue
La
Hongrie, traditionnellement peu impliquée en Afrique, s’engage désormais dans
une mission militaire au Tchad, un pays en proie à des conflits récurrents. Ce
déploiement marque une première pour Budapest, qui, sous la direction de Viktor
Orban, semble vouloir se faire un nom sur le continent africain. Orban justifie
cette initiative par le besoin de lutter contre l’immigration illégale et le
terrorisme, tout en soulignant le rôle stratégique du Tchad dans ces domaines.
Selon
Viktor Marsai, directeur de l’Institut de recherche sur la migration à
Budapest, « cette mission est une opportunité pour la Hongrie de tester ses
capacités militaires dans un environnement complexe. Après l'échec de ses
projets précédents en Afrique de l'Ouest, le pays voit dans le Tchad une chance
de montrer son efficacité sur le terrain. » Cette nouvelle orientation semble
également être un moyen pour la Hongrie de se diversifier géopolitiquement en
rejoignant les rangs des puissances militaires internationales.
Des Motivations Ombreuses ?
Cependant,
cette initiative n’est pas sans soulever des interrogations. Certains analystes
craignent que la Hongrie ne suive une route sinueuse en agissant
potentiellement dans l'intérêt de Moscou. Viktor Orban a récemment rencontré
Vladimir Poutine, et cette proximité suscite des doutes quant aux véritables
objectifs de Budapest. La Hongrie a dû se défendre contre les accusations selon
lesquelles elle agirait comme un relais des intérêts russes dans la région.
L’Union
Européenne, bien que saluant les nouvelles ambitions hongroises, n’est pas
entièrement convaincue. Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré
que « la présence accrue de partenaires internationaux au Tchad est bienvenue,
mais il est crucial de suivre de près les motivations et les effets réels de
cette mission. »
Critiques et Doutes Internes
L’opposition
hongroise ne cache pas son scepticisme face à cette mission. Les critiques
portent principalement sur le rôle de Gaspar Orban, le fils du premier
ministre, qui aurait joué un rôle clé dans les négociations pour cette mission.
La présence de Gaspar Orban est perçue comme un exemple flagrant de népotisme,
malgré les justifications du gouvernement sur son expertise militaire et
linguistique.
L’efficacité
de cette mission est également remise en question. Un responsable militaire de
haut rang à la retraite se demande comment deux cents soldats pourront faire
une différence significative dans un pays aussi vaste, en soulignant que la
moitié d’entre eux devront rester au camp de base. La question de la véritable
utilité de ce déploiement reste en suspens, laissant planer un doute sur
l’issue de cette aventure.
Un Pari Risqué
En
somme, la mission hongroise au Tchad est un pari audacieux dans un contexte
géopolitique de plus en plus complexe. Alors que Budapest tente de se faire une
place sur la scène internationale, les implications de son engagement militaire
sont loin d’être claires. La Hongrie, avec ses ambitions et ses controverses,
se lance dans un défi majeur qui pourrait redéfinir ses relations
internationales et son rôle dans la crise du Sahel.
Par Pangala Kidiakako Aldecazar