Rwanda au Dévoilement : Kagame
Manque à l'Appel au Sommet, et le Congo Passe à l'Offensive
Le
premier jour de la réunion tant attendue entre les services de sécurité de la
RDC et du Rwanda à Luanda a eu un invité manquant de taille : Paul Kagame, le
président rwandais, lui-même. En cette journée cruciale, où les regards étaient
braqués sur la tentative de désamorcer une crise régionale brûlante, le «
terroriste » Paul Kagame a choisi de jouer les absents. Une absence qui
pourrait presque être comique, si la situation n'était pas aussi grave.
Le
sommet de Luanda, censé être le théâtre d’une résolution pacifique entre
Kinshasa et Kigali, a pris une tournure presque théâtrale. Kagame, qui a
récemment admis la présence de son armée en RDC et a vu son soutien aux
rebelles du M23 publiquement condamné, se retrouve maintenant dans une position
inconfortable. En choisissant de bouder le sommet, il semble faire le pari que
les choses se régleront d'elles-mêmes. Mais, à en juger par les récents
développements, ce pari pourrait coûter cher.
Kagame à l’Épreuve du Feu
L’absence
de Kagame à cette rencontre n'est pas passée inaperçue. Alors que le président
angolais João Lourenço, médiateur de la crise, tentait d'apaiser les tensions
entre les deux parties, le manque de représentativité de Kigali soulève des
questions. Est-ce un coup de bluff de Kagame ou une véritable fuite en avant ?
Quoi qu'il en soit, la réaction sur le terrain ne se fait pas attendre.
Sur
le front, les combats ont repris avec une vigueur renouvelée. Les forces
congolaises, déterminées à libérer les villages occupés par les rebelles
soutenus par le Rwanda, avancent avec une intensité qui ne laisse guère de
place au doute quant à leur détermination. L’armée congolaise, boostée par un
soutien populaire croissant, semble prête à régler ses comptes, tandis que les
miliciens du M23, privés de soutien rwandais direct, se trouvent de plus en
plus acculés.
Deux Experts, Deux Opinions
Pour
l’analyste géopolitique Jean-Luc Debord, l’absence de Kagame est un signe de «
désespoir stratégique ». Selon lui, « le président rwandais tente de se
soustraire aux pressions internationales et à l’opprobre mondial, mais en se
dérobant, il renforce l’isolement de son pays. Son absence à Luanda est un acte
de défiance qui pourrait envenimer encore plus la situation sur le terrain. »
Debord voit dans ce manquement une erreur stratégique majeure.
En
revanche, pour le chercheur en études africaines Isabelle Kanza, « l'absence de
Kagame est une démonstration de sa volonté de ne pas se soumettre à une
pression internationale injustifiée. Kagame joue une partie complexe, cherchant
à éviter une confrontation directe qui pourrait mettre en péril ses intérêts
nationaux et personnels. Son absence pourrait être interprétée comme un acte de
non-violence dans un contexte où la diplomatie est plus nécessaire que jamais.
»
Une Énigme Résolue en Temps Réel
Pourtant,
dans la réalité des combats et des enjeux diplomatiques, la situation reste
chaotique. Kagame semble jouer à un jeu dangereux où l’absence et le refus de
négocier pourraient lui coûter plus qu’une simple réunion ratée. Pendant ce
temps, les villages congolais, repris par l’armée nationale, rappellent à quel
point la crise est loin d’être résolue.
Le
conflit RDC-Rwanda, avec ses complexités et ses rebondissements, nous rappelle
que dans le grand théâtre de la diplomatie internationale, les absences peuvent
être aussi significatives que les présences. Et alors que le président rwandais
fait défaut, le Congo avance, armé de sa volonté et de ses troupes, vers une
résolution incertaine mais résolue.
Par Mbelu Songesha Adolphine