La République Démocratique du Congo Annule un Projet de 1,2 Milliard de Dollars pour des Cartes d'Identité

Date: 2024-09-08
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La République Démocratique du Congo a fait une annonce spectaculaire le 12 août : l'annulation du projet ambitieux de 1,2 milliard de dollars destiné à la mise en circulation de nouvelles cartes d'identité. Cette décision, révélée par l'agence américaine Bloomberg, est motivée par des risques de dépassements de coûts et des irrégularités financières préoccupantes.

 

Selon une note d'observation adressée le 12 juin au ministère de l'Intérieur par Jules Alingete Key, Inspecteur Général Chef de l'Inspection Générale des Finances (IGF), le contrat avec le consortium ONIP-Afritech/Idemia présentait plusieurs anomalies. Le projet, initialement estimé à 697 millions de dollars, devait être financé par un apport de 104 millions de dollars de l'État congolais et 593 millions du groupe Afritech/Idemia. Cependant, l'IGF a découvert que cette dernière société ne pouvait pas fournir les fonds promis. En outre, les 20 millions de dollars déjà décaissées par l'État ont été bloqués en raison de ces irrégularités.

 

Le contrat controversé prévoyait également une répartition des revenus de 2 milliards de dollars sur 20 ans, avec 60% alloués à Afritech contre seulement 20% pour la partie congolaise. L'IGF a critiqué cette répartition, la jugeant désavantageuse pour le pays. Plus encore, une irrégularité significative a été signalée concernant la garantie demandée par Afritech, qui impliquait la séquestration des avoirs de la Banque centrale du Congo, une pratique jugée illégale.

 

Le rapport de l'IGF a également révélé que la société Idemia, prétendue partenaire dans le projet, n’avait aucun contrat officiel avec la RDC. En fait, elle n'était qu'un fournisseur d'équipements pour Afritech, qui, selon l'IGF, pourrait ne pas exister sous le nom indiqué. L’affaire se complexifie encore avec l’implication de Samba Bathily, un homme d'affaires malien ayant des antécédents judiciaires en RDC.

 

L’économiste Simon Dikangala voit cette annulation comme une victoire contre la corruption : "Cette décision met en lumière des pratiques de gestion douteuses et confirme les préoccupations de l’IGF. C’est une démonstration que les mécanismes de contrôle fonctionnent et que le gouvernement prend des mesures pour protéger les fonds publics."

 

D'un autre côté, le consultant en politiques publiques Marie-Louise Nzuzi exprime une inquiétude différente : "L'annulation de ce projet pourrait freiner des initiatives cruciales pour moderniser le système d'identification du pays. Il est impératif de trouver des solutions viables pour garantir que des projets de cette envergure puissent être menés à bien sans compromettre l'intégrité financière."

 

Cette annulation souligne non seulement les défis de gouvernance auxquels fait face la RDC, mais également l'importance cruciale de la transparence et du contrôle dans la gestion des grands projets. Le gouvernement devra maintenant naviguer dans cette crise de confiance tout en cherchant des alternatives pour améliorer son système d'identification.

 

Par Nsungidi Nzita Pascaline

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