La ville de
Tshikapa ne dort plus. Depuis la victoire de l'équipe nationale de la RDC
contre la Guinée, les rues vibrent au rythme des klaxons, des chants et des
danses. Cette victoire, plus qu’un simple match de football, incarne pour
beaucoup un espoir et une fierté retrouvée dans une région trop souvent marquée
par les difficultés.
Pour certains,
cette explosion de joie dépasse le cadre sportif. Le sociologue Christian
Mwanda explique que "le football est devenu un exutoire pour une
population en quête de reconnaissance et de moments de répit. Tshikapa, qui vit
souvent dans l’ombre des grandes villes, voit dans cette victoire un symbole
d’unité et de fierté nationale." Il souligne que ces moments de liesse
collective sont nécessaires pour redonner de l’espoir à une population qui se
sent souvent oubliée par les pouvoirs publics.
Cependant, cet
enthousiasme est tempéré par d’autres observateurs qui voient dans cette
effervescence une échappatoire éphémère. Pour l’économiste et militant Didier
Kankonde, "cette victoire est une distraction bienvenue, mais elle ne doit
pas masquer les réalités économiques et sociales. Les problèmes de Tshikapa,
comme l’insécurité, le chômage et la dégradation des infrastructures, ne
disparaîtront pas avec un but marqué sur le terrain." Pour lui, les
autorités doivent capitaliser sur cet élan populaire pour apporter des
solutions concrètes aux défis quotidiens des habitants.
En arpentant les
rues de Tshikapa, difficile de ne pas se laisser emporter par l'énergie
contagieuse de la foule. Les cris de victoire, les drapeaux flottant fièrement
et les jeunes bondissant de joie rappellent que, même dans l'adversité, le
peuple congolais sait se relever, sourire et célébrer. Mais cette victoire doit
aussi servir de rappel aux autorités : l’espoir est vivant, et il appelle à des
actions concrètes pour que la fête ne soit pas que de courte durée.
Tshikapa célèbre
aujourd’hui, mais elle attend toujours des jours meilleurs, et ce match
pourrait bien être le point de départ d’un nouvel élan, si seulement les
promesses sportives pouvaient enfin rencontrer les réalités du quotidien.
Par
Mbongompasi Madiatanfumu Patrice