Les rêves de
développement promis par le Programme de Développement Local des 145
territoires (PDL-145) se sont transformés en cauchemar pour les ingénieurs et
maçons recrutés à Kinshasa et envoyés dans l’arrière-pays. Impayés depuis plus
de six mois, ces travailleurs, abandonnés à leur sort, dorment à la belle
étoile et manquent de tout. Ce projet phare, censé revitaliser les territoires
oubliés, est aujourd’hui paralysé, et les appels à l’aide de ceux qui se
retrouvent sur le terrain résonnent comme un cri d’alarme dans le vide.
Pour l’analyste
politique Jean-Baptiste Kazadi, "ce blocage révèle l’échec d’une mauvaise
planification et d’une gestion chaotique des ressources. L'État a misé sur des
entreprises privées sans garanties solides, et aujourd’hui, ce sont les
travailleurs qui paient le prix fort. C’est un drame humain qui expose la face
cachée de la mauvaise gouvernance." Il pointe du doigt l’irresponsabilité
des autorités, dénonçant un gâchis qui risque de discréditer un programme
pourtant essentiel.
Cependant,
d’autres experts soulignent que la situation est plus complexe. Pour
l’économiste Marie-Thérèse Mboma, "il ne s’agit pas seulement d’un
problème de gouvernance, mais aussi de la conjoncture économique difficile et
des retards dans le décaissement des fonds promis par les bailleurs. La RDC
fait face à des contraintes budgétaires sévères, et ces blocages ne sont pas
uniquement dus à des failles internes." Elle plaide pour une révision des
partenariats et un meilleur suivi des contrats pour éviter que ce scénario ne se répète.
Sur le terrain,
la frustration des ingénieurs et ouvriers est palpable. Abandonnés loin de chez
eux, ils vivent une situation de détresse inédite. "Nous sommes ici pour
construire le pays, mais aujourd’hui, nous n’avons même pas un toit sur la
tête," confie un chef de chantier. Leur S.O.S., adressé au gouvernement,
reste sans réponse. Le PDL-145, censé être une lueur d’espoir pour les
territoires marginalisés, pourrait devenir le symbole d’une promesse non tenue
et d’une fracture qui ne cesse de s’élargir.
Les
travailleurs, loin de se résigner, continuent de se battre pour leur dignité.
Mais cette lutte ne doit pas se dérouler dans l’ombre. Les autorités doivent
prendre leurs responsabilités pour éviter que le programme ne sombre
définitivement, et que l’espoir qu’il portait ne se transforme en une
désillusion amère.
Par
Mbongompasi Madiatanfumu Patrice