À Beijing, lors
du dialogue ministériel tant attendu, la décision de la République Démocratique
du Congo (RDC) de ne pas signer le Mémorandum d'entente sur la coopération
policière avec les pays de l'Afrique de l'Est et la Chine a secoué les
diplomates et les analystes. Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Intérieur,
Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières de la RDC, Jacquemain
Shabani Lukoo, a mis en avant l'intérêt de Kinshasa pour une coopération accrue
avec Pékin pour améliorer la sécurité intérieure. Cependant, il a également
souligné un obstacle majeur : l'absence de condamnation de l'agression
rwandaise par les membres de l'EAC, qui, selon la RDC, enfreint les principes
de respect de l'intégrité territoriale.
L’expert en
géopolitique Dr. Jean-Marc Bemba voit dans cette décision une manœuvre
stratégique audacieuse : « La RDC montre qu’elle ne se laissera pas intimider
ou conditionner par les autres membres de l’EAC. En se distanciant de l'accord,
elle préserve sa souveraineté et met en lumière les tensions régionales non
résolues. »
En revanche,
l’analyste en affaires internationales, Prof. Léa Munganga, critique cette
position. « En refusant de signer, la RDC pourrait se retrouver isolée. Ce
mémorandum était une opportunité en or pour renforcer les capacités
sécuritaires du pays tout en bénéficiant du soutien chinois. Son absence pourrait
retarder des réformes cruciales et affaiblir les efforts de sécurité. »
Le refus de la
RDC, certes audacieux, semble aussi une déclaration politique forte, une
affirmation de ses positions sur les questions de souveraineté et de justice
régionale. L’approche bilatérale avec la Chine pourrait offrir des avantages
immédiats mais également exposer Kinshasa à des défis diplomatiques complexes.
L’incident met
en lumière les tensions sous-jacentes dans les relations régionales et illustre
comment des questions de sécurité et de diplomatie peuvent bouleverser des
accords internationaux stratégiques.
Par
Mbongompasi Madiatanfumu Patrice